The Mandalorian [Saison 1] : Le Bon, la Brute et le Truand

En ces temps nouveaux, le métier de chasseur de primes ne paie plus, les réserves de beskar ont été pillée par un Empire déchu et remplacé par la Nouvelle République, et les survivants Mandaloriens ne sont animés que par colère, peur et honte, conduisant ces derniers guerriers jadis redoutés à vivre caché et à errer dans l’ombre. Dans l’espoir de recueillir une belle récompense, un de ces chasseurs de primes Mandalorien, dit « Mando », traque une cible. Après un échange musclé dans un bar, le mercenaire réclame son dû à Greef Carga, leader de la Guilde, et se voit confier une nouvelle mission…

| Cette madeleine de Proust.

S’il y a de quoi rester des plus circonspect face au tournant de sa carrière, il faut reconnaître que Jon Favreau a su se construire une réputation d’artisan efficace au sein du monde du show business, devenant une personnalité de confiance aux yeux des grosses machines hollywoodiennes, tout en cultivant un intérêt pour les apports technologiques.

Ses bonnes relations avec Disney, justifiées dans sa participation à forger le Marvel Cinematic Universe et à remettre au goût du jour « The Jungle Book » et « The Lion King », lui valent d’être nommé à la supervision de la première série en images réelles de l’univers Star Wars, un événement sans pareil dans l’Histoire de la saga.

Retour d’une ambiance crasseuse à la « Rogue One », d’un milieu baignant dans la criminalité à la « Solo ».

Un rêve de gosse, si ce n’est, se réalise pour Favreau, fan de longue date, qui part avec de nombreux avantages sur le plan budgétaire et créatif. L’un, car la série étant commandée pour Disney+, la somme requise pour délivrer une production design à la hauteur des espérances sera amplement suffisante, et l’autre, car l’espace chronologique entre « The Return of the Jedi » et « The Force Awakens » n’est fait que de bric et de broc, Lucasfilm pouvant naturellement, de fait, combler ce grand vide sans trop se soucier de la continuité.

| Le nouveau Western ?

« The Mandalorian » pose donc les pierres les plus importantes de l’après-Épisode VI, en-dehors des informations déjà connues de l’Univers Étendu Officiel, se situant cinq années après la défaite de l’Empereur, alors que la Nouvelle République est naissante, et que l’Empire peine à survivre via des factions dispersées dans toute la galaxie. Retour d’une ambiance crasseuse à la « Rogue One », d’un milieu baignant dans la criminalité à la « Solo » et ce sous la direction partagée de Jon Favreau et de Dave Filoni.

Rythme assez lent, dialogues économes, « The Mandalorian » est structuré tel un jeu de rôle où le spectateur se projette dans le chasseur de primes. Le personnage y est adapté sous toute forme quelle soit.

Et la première saison va étonner, dans le sens positif comme négatif, notamment par son style narratif. Rythme assez lent, dialogues économes, « The Mandalorian » est structuré tel un jeu de rôle où le spectateur se projette dans le chasseur de primes. Le personnage y est adapté sous toute forme quelle soit. Constamment casqué, peu loquace, sans passé ni identité clairs, libre dans ses actions et ses décisions, nous le suivons comme si nous pouvions le diriger, comme si nous étions maître de ses mouvements et décisions, comme si nous devions lui créer une histoire avec les outils mis à disposition.

Régulièrement, il sera question de trouver des ressources, d’utiliser avec parcimonie les armes et les gadgets sur le terrain, d’améliorer l’armement en conséquence, de localiser des lieux sûrs et de découvrir le Mandalorien au fur et à mesure de ses interactions avec divers personnages.

Les épisodes, dits « fillers », s’apparentent à des quêtes optionnelles, des missions secondaires qui adoptent le même esprit dans les péripéties. L’action y est surtout stratégique, elle revient à tenir une position, piéger une cible ou survivre à une fusillade en se servant du décor comme principal allié. La méthode montre souvent ses limites, au point de parfois ressembler à un jeu vidéo filmé, mais la série arrive majoritairement à réutiliser à bon escient ce qu’elle installe au travers de ses intrigues annexes.

Bien qu’il y ait un fil rouge visible, les intentions de l’équipe semblent bien plus pencher vers la création de petites aventures indépendantes enrichissant le quotidien du mercenaire. Ainsi, chaque chapitre permet de varier les objectifs et les visuels, tout en restant dans le même univers et en suivant le même scénario à la façon d’un serial.

| La simplicité peut parfois payer.

Avec « The Mandalorian », Favreau et Filoni sont comme deux enfants fantasmant sur ce qu’ils pourraient faire avec leurs jouets préférés, leurs références sont, somme toute, classiques, allant puiser tantôt dans le western, tantôt dans les films japonais. Mais leur enthousiasme communicatif est payant, ils ont une volonté sincère d’ajouter leur patte à Star Wars, écrivant de nouvelles répliques destinées à devenir cultes chez la communauté autour de concepts marquants — « This is the way », « I have spoken » —, créant des zones brumeuses qui intensifient le mystère avec autant de simplicité que de bon calcul — l’on pensera notamment à l’impérial joué par Werner Herzog simplement surnommé « The Client », ou encore Baby Yoda, voulu comme petit Gizmo de l’espace, appelé « The Child » — et dressant un portrait des Mandaloriens, débordant de classe et de fascination, qui ne demande qu’à être garni.

Il pourra être reproché une écriture un peu plate et des relations humaines semi-expédiées, mais Favreau réussit son plus gros pari, celui de nous faire croire en ces personnages, quand bien même sait-on le strict minimum sur eux.

Tous ont de vraies gueules, des voix mémorables et semblent appartenir à des milieux différents mais cohérents entre eux, que ça soit le charismatique Carl Weathers en chef de la Guilde, la musclée Gina Carano en ex-Shock Trooper, l’averti Nick Nolte en vieux fermier alien, ou le génial droïde assassin interprété par Taika Waititi.

Que la réputation soit douteuse ou que l’existence soit approuvée. Tout ce qui a pu être perpétué par « La Guerre des Étoiles » doit être assumé.

Même transposé en série, Star Wars a fière allure. Malgré ses limites évidentes, Favreau sait y faire, c’est plastiquement plus que présentable et la qualité technique n’a pas à rougir de celle de ses cousins cinéma. Rick Famuyiwa et Deborah Chow signent les épisodes les plus propres, Bryce Dallas Howard s’en sort honorablement et Taika Waititi réalise un final explosif qui ne se prive pas de quelques touches décalées propres au metteur en scène.

Seul Dave Filoni semble quelque peu largué, livrant un pilote, certes, non pas sympathique, mais assez lent dans un sens peu valorisant, et une visite bien trop portée sur le fan-service sur Tatooine, une visite dont on se serait bien passé. Surtout quand à côté, les clins d’oeil à la saga sont généralement très savoureux, car piochant dans toutes ses extensions sans faire de jaloux, trilogies comme séries animées, spin-off comme émissions, que la réputation soit douteuse ou que l’existence soit approuvée. Tout ce qui a pu être perpétué par « La Guerre des Étoiles » doit être assumé.


Pour sa première saison, « The Mandalorian » n’échappe pas à quelques égarements, mais rassasie pleinement le fan moyen en soif de nouvelles histoires sur Star Wars. Le soin apporté à l’ensemble promet le meilleur pour l’avenir de la série, et se présente déjà comme un argument solide pour la continuation de Disney+.


Création · Jon Favreau

Acteurs · Pedro Pascal, Gina Carano, Carl Weathers, Nick Nolte, Werner Herzog, Taika Waititi, Giancarlo Esposito

Genre · Action, Aventure, Science-Fiction

Nationalité · États-Unis

Date de sortie · 3 mars 2020

Durée · 8 épisodes – 45 min


BANDE-ANNONCE · THE MANDALORIAN


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