Metteur en scène aujourd’hui reconnu notamment pour ses films décalés, ses personnages atypiques et ses univers des plus colorés, Wes Anderson est devenu une véritable référence dans le domaine du cinéma indépendant international contemporain.
Pour sa seconde incursion au sein de l’univers de l’animation après un « Fantastic Mr. Fox » singulier, le réalisateur américain effectue un changement de trajectoire certain le conduisant vers un cinéma bien plus sombre. A travers « L’île aux chiens », Wes Anderson illustre un monde désincarné où les chiens sont mis au ban d’une société à la frontière d’un despotisme pur. Abordant sans grande retenue bon nombre de thématiques percutantes, ségrégation, maltraitance ou encore corruption, le réalisateur érige une fable animalière aussi inventive que politiquement engagée, et au-delà du récit d’aventure, narre le drame d’une population contrainte à l’exil.
« œuvre virtuose d’une animation stop-motion grandiloquente »
Anderson ajoute ici à son imagination foisonnante habituelle une touche d’humour nouvelle, teintée d’épines et de reproches à une société dépeinte comme extrémiste. Nimbé d’une mélancolie certaine et puisant dans sa noirceur absolue une joie touchante réellement impromptue, cette œuvre virtuose d’une animation stop-motion grandiloquente reflète avec panache l’habituelle maniaquerie ébouriffante du réalisateur, ceci en s’étoffant d’une férocité politique finement abordée tout du long.
Entre douceur et violence, « L’île aux chiens » dresse une narration subtile, ou se dessine gentilles polémiques et remise en cause de l’intolérance de notre monde. A la fois fable à la splendeur lyrique et à l’humanisme dérangeant, Wes Anderson livre avec « L’île aux chiens » une poésie à l’humour irrésistible et au sous-text politiques tous simplement saisissant et tristement d’actualité.
Midnight Movies 
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